Durant la guerre de libération nationale, la région de Ténès, à l’instar de toutes les autres régions du pays, a vu ses enfants s’engager dans la lutte contre le colonialisme. De nombreux martyrs sont tombés sur l’autel de la liberté, parmi eux Pr Mohamed Eddaikra dit commandant Si Abdelmadjid.
Natif du Vieux Ténès, il y a vu le jour le 9 mai 1929 au sein d’une famille modeste et conservatrice de neuf enfants (5 garçons et 4 filles) dont il est l’aîné.
Fonctionnaire à la mairie de Sidi Akkacha, le père de Mohamed Eddaikra figurait parmi les personnalités, très appréciées et respectées de la région. Le père, conscient de l’importance de l’instruction dans la construction d’une forte personnalité, n’hésitera pas à inscrire ses enfants à l’école afin de leur permettre d’accéder à ce savoir qui allait leur permettre plus tard de prendre leurs destinées en main.
La maman, elle, native de Cherchell, bien qu’analphabète, n’en sera pas moins une mère aimante qui apprendra à ses enfants tous les principes d’une bonne éducation basée sur des valeurs propres à la société algérienne et à la religion musulmane.
Inscrit dès l’âge de 4 ans à l’école coranique de la mosquée Sidi Maïza du Vieux Ténès, Mohamed Eddaikra rejoindra les bancs de l’école publique trois années plus tard. Une fois ses études primaires terminées, il rallie Alger pour poursuivre ses études à l’Institut franco-musulman d’Alger (actuel lycée Amara-Rachid). C’est là qu’il fait la connaissance de plusieurs étudiants qui, comme lui, rejoindront plus tard l’ALN suite à l’appel aux étudiants du 19 mars 1956 tels que les martyrs Hocine Houania et Larbi Maâmar.
Après les années d’internat, Mohamed Eddaikra accède en 1945 en 5e. Il décroche son brevet ainsi que son diplôme d’arabe.
Nommé au poste d’enseignant, il occupe ses premières fonctions au sein d’une école primaire d’Aflou entre 1949 et 1950, avant d’être muté à Ténès où il enseigne la langue arabe entre 1951 et 1955 à l’école du Vieux Ténès et au Collège d’enseignement moyen et primaire de Ténès (ex. Cours complémentaire).
Parallèlement à sa carrière d’enseignement, Mohamed Eddaikra milite secrètement avec ses amis de la médersa et son frère cadet Benali Eddaikra dit Si Fodhil, commissaire politique de la Wilaya IV qui mourra en martyr.
Animé d’une grande fibre nationaliste, Mohamed Eddaikra n’hésite pas à rejoindre dès le mois de mars 1956 les rangs de l’Armée de libération nationale. Il aura des contacts permanents avec Si Larbi Ben Mehdi et Si Djilali Bounaama dont il était proche. Membre de l’OCFLN, il en occupera la fonction de responsable politique jusqu’en septembre 1956.
Rejoignant ensuite les maquis de l’ALN dans la région de Baach, sous la direction du moudjahid Si Amar Belmahboub, c’est là que Mohamed Eddaikra dit Si Abdelmadjib tombe en martyr, lors d’un accrochage avec les troupes coloniales le 31 décembre 1956. Il avait 27 ans.
Afin que le sacrifice de ce jeune martyr ne soit pas oublié ni vain, la rue principale menant vers la mosquée de Sidi Maiza, ainsi que le Lycée de Ténès-Ville portent son nom. Par ailleurs, le 8e Promotion de fins d’études universitaires militaires de l’Ecole nationale préparatoire aux études d’ingéniorat (ENPEI de Rouiba), sous l’égide l’ANP, du 23 juin 2009 a été également baptisée au nom du chahid Mohamed Eddaikra.
Hassina Amrouni
Source :
https://twitter.com/bedaikha/status/680323879596867585/photo/1