Situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de la ville de Bechar, le village de Kenadsa est surtout connue pour son ksar et ses nombreux mausolées dont la zaouiïa de Sidi M’Hamed Ben Bouziane.
Pôle de rayonnement cultuel et culturel, la zaouïa Kendoussia a été fondée à la fin du XVIIe siècle par Sidi M’Hamed Ben Abderrahmane ben Abu Ziane, plus connu sous le nom de Ben Bouziane.
Né durant la seconde moitié du XVIIe siècle, dans une famille chérifienne vivant à l’embouchure de l’Oued Daraâ, Sidi Ben Bouziane quitte le ksar de Tehata, dans les environs de Kenadsa après la mort de son père, le cheikh M’Hamed Ben Abu Ziane pour rejoindre la zaouïa de Tafilalet, et y suivre les enseignements de cheikh Abu Bakr Benazza, chef de la tariqa Chadylia. Au cours de son séjour au sein de cette zaouïa, Ben Bouziane aura également pour initiateur au Coran et aux enseignements de la tariqa cheikh Mebarek Ben Abdelaziz. A la fin de sa formation, il se rend à Fez où, durant huit ans, il sera l’élève des plus grands oulémas de l’époque dont l’imam Mohamed Ben Abdelkader El Fassi, cheikh Soussi et son cousin Mohamed ben Ahmed El Fassi, Abou Mohamed Abdesslam Ben Ahmed Jassous El Fassi ou encore Mohamed Ben Ahmed El Fassi plus connu sous le nom d’Ibn El Hadj El Fassi…
Avec de solides connaissances religieuses comme bagage, il va sillonner toute la région entre Tafilalet et Fez, avant de pousser son voyage plus loin, pour se rendre à La Mecque pour y accomplir le 5e pilier de l’islam : le hadj. Une fois son pèlerinage accompli, il rentre chez lui et, sur le chemin du retour, il fait des haltes au Caire, Tripoli et Tunis, où à chaque fois, il est assailli de demandes de fidèles qui espèrent qu’ils les éclaire de sa lumière et de son savoir. Il reprend ensuite son chemin et, arrivé à Kenadsa, il entreprend la construction d’une zaouïa.
Très vite, ce lieu devient un lieu de rayonnement de savoir qui attire de nombreux apprenants venant de toute la région et même d’ailleurs.
Cheikh Ben Bouziane meurt durant le mois de ramadhan de l’an hégirien 1145, correspondant à 1733.
Sa zaouïa est reprise par ses proches et fidèles qui continuent à lui insuffler une dynamique. Outre l’enseignement, la zaouïa possèdait aussi une grande bibliothèque, la « Khizana Kendoussia Ziania », renfermant un véritable trésor de manuscrits évalué en 1950 à plus de 3000 documents précieux, mais après les pillages et saccages opérés par les soldats français, il n’en restait plus que 500. Ces documents religieux et poétiques notamment ont permis de retracer l’affiliation généalogique des grandes tribus de la région (sud-ouest algérien). La zaouïa possédait aussi un grand astrolabe, durant l’occupation coloniale française.
Depuis 2006, les petits-enfants de cheikh Ben Bouziane ont entrepris, d’une part, la recherche des manuscrits perdus et, d’autre part, la relance de l’activité au sein de la zaouïa, en commençant par la « mise à niveau de cet édifice historique et religieux » mais aussi en faisant la « promotion de la tariqa Ziania dans l’explication des affaires jurisprudentielles et l’enseignement du Coran ».
A noter qu’après l’érection de la zaouïa, le ksar de Kenadsa va voir le jour tout autour. Original de par son architecture, typique de la région de la Saoura, ce ksar a été classé patrimoine historique.
Pour rappel, la grande écrivaine et journaliste Isabelle Eberhardt a séjourné quatre mois dans la région trouvant l’hospitalité au sein de la zaouïa.
Hassina Amrouni
Sources :
http://algerieterredafrique.blogspot.com/2012/06/lhistoire-du-ksar-de-kenadsa-bechar.html
https://www.skyscrapercity.com/showthread.php?t=2139062