On ne peut parler de Djemâa Saharidj, de son patrimoine, de ses richesses et des personnalités qui ont écrit ses pages d’histoire sans évoquer la zaouia de Sidi Sahnoun, lieu pèlerinage et de ziara des villageois depuis des centaines d’années.
Rattachée à la tariqa Rahmaniya, cette zaouia aurait été fondée entre le Vème et le VIème siècle de l’Hégire par Sidi Sahnoune Ibn Abdellah El Azhari.
Sidi Sahnoun, serait l’un des descendants de l’Imam Sahnoun ibn Saïd ibn Habib at-Tanukhi. Originaire de Homs, en Syrie, Abdel Salam Sahnoun ibn Saïd ibn Habib at-Tanukhi, naît vers 761 (160, du calendrier hégirien), au sein d’une famille qui serait descendante d’une confédération tribale du sud de la péninsule Arabique, les Thanukhides.
Celui qui deviendra un célèbre juriste malikite de l’école de Kairouan, étudie dès sa prime jeunesse auprès de grands érudits de son époque, à l’image d’Ali Ben Ziyad instruit auprès de Mâlik ibn Anas. Grand admirateur de l’imam Mâlik, il décide en l’an 178 de l’hégire, d’aller parfaire ses connaissances en Egypte, auprès d’autres disciples du célèbre savant, puis, il se rend à Médine pour poursuivre son instruction auprès d’autres oulémas influents, avant de retourner en Afrique du nord en 191.
Ses grandes connaissances, sa forte personnalité, ses principes et sa foi le feront accéder aux plus hauts postes. A l’âge de 74 ans, il est nommé cadi d’Afrique du nord par l’émir aghlabide Abou Al Abbas Ier qui règne au nom du calife abasside. L’Imam Sahnoun veillait au strict respect des lois.
L’Imam Sahnoun meurt durant le mois de Rajab de l’an 240 de l’hégire. Il est enterré dans sa maison, à côté de Bab Menara à Tunis. Imprégnés de la même ferveur religieuse, ses descendants suivront la même voix, entièrement dédiée à la foi et à l’islam.
La zaouia de Sidi Sahnoun à Djemâa Saharidj jouera tout au long de l’histoire un grand rôle dans la préservation de l’identité, de la culture et de la foi du peuple algérien, notamment durant la période de la colonisation française. Les autorités coloniales, conscientes du poids que pouvait représenter cette zaouia et les dizaines d’autres disséminées à travers tout le pays, ne les voient pas d’un très bon œil. En 1860, l’armée coloniale passe à l’action en mettant le feu à la bibliothèque de la zaouia en guise de représailles face au refus des sages de la région d’épouser la thèse colonialiste. Un autodafé qui touchera une grande partie des vieux et précieux manuscrits de la zaouia, à jamais irrécupérables. Les quelques documents qui ont été épargnés furent remis à Si Amar Saïd Boulifa, un sage du douar des Ath Irathen (Fort National).
Malgré cette persécution, cette zaouia continuera à accomplir sa noble mission de diffusion du véritable islam, attirant toujours plus de fidèle, tous âges confondus.
En 2014, un bloc pédagogique a été inauguré, composé de quatre salles de classes, une bibliothèque et une salle informatique. Cet espace accueillera les enfants scolarisés du village, notamment ceux des classes d’examens, désireux de suivre des cours de soutien qui seront dispensés par des enseignants ceci, en sus de l’enseignement du Coran et du hadidh que cette structure assure déjà.
Hassina Amrouni