Fédération de France du FLN : Un duel en terrain ennemi

Plus que toute autre considération, le combat qui devait être mené, sur le sol même de l’occupant, contre ceux qui s’affichèrent dès le départ comme contre-révolutionnaires, sera déterminant pour le sort de la lutte pour l’indépendance du pays, et notamment pour l’essor de la Fédération de France du FLN sur laquelle le commandement de la Révolution misait beaucoup pour mobiliser la communauté algérienne installé en France et collecter les fonds nécessaires pour la poursuite du combat.    

    La pugnacité et la cruauté et des rivalités qui minaient les deux camps, irréconciliables  et prêts à tout pour asseoir leur mainmise sur l’importante communauté des ouvriers algériens établis en France, qui constituait, jusqu’à la veille de l’Indépendance, la principale source de financement du mouvement national et de la Révolution. Sauf que, à la différence du parti messaliste, le FLN avait cet avantage d’avoir largement acquis sa légitimité politique et populaire.  Or, la motivation principale des membres du MNA dans leur acharnement impitoyable contre le FLN, c’est leur attachement «obsessionnel» et aveugle à Messali Hadj, le « zaïm », dont ils ne pouvaient accepter la moindre contestation par des Algériens se disant nationalistes.

     Le conflit s’est dès le départ creusé suite aux révélations d’une enquête de la police française, lors de l’arrestation en 1955 d’Ali Mahsas et Terbouche Mourad, premier chef de la fédération, selon lesquels les meneurs de cette compagne, sous la direction de Mohamed Boudiaf, aidé de Yacef Saadi, auraient décidé de «liquider» les principaux dirigeants du MNA à commencer par Messali Hadj. D’ailleurs, un attentat a bien eu lieu contre Messali Hadj, le 17 septembre 1959, mais il a échoué parce qu’un des hommes du commando aurait refusé, d’après des témoignages, de lui tirer dessus parce qu’il a reconnu ce leader charismatique. C’est dire à quel point Messali Hadj était vénéré par une partie importante de la base militante algérienne, y compris au sein du FLN qui, pourytant, le combattait.   

De leur côté, les groupuscules MNA ont tué plusieurs  militants du FLN, notamment à Marseille. Ces groupuscules continuaient à semer la terreur dans les lieux fréquentés par les sympathisants du FLN, souvent avec la complicité de la police et des autorités françaises.

    Les statistiques annuelles des victimes de cette lutte fratricide, pour  la France, de  janvier 1956 à décembre 1961, communiquées par le ministre d’Etat chargé des affaires algériennes Louis Joxe, et cité par l’historien français Benjamin  Stora dans son ouvrage-référence Ils venaient d’Algérie,

montrent l’ampleur de la tragédie, sans préciser toutefois l’appartenance politique des victimes algérienne. Ce qui aurait permis de situer les responsabilités dans cette lutte fratricide entre le FLN et le MNA sur le sol français pendant cette période. Le document met en évidence le combat du FLN contre le colonialisme français et l’absence quais-totale du MNA sur ce front. Il y est ainsi mentionné que les commandos MNA n’ont commis aucun attentat sérieux contre de cibles ennemies, entendre françaises en Métropole. Ainsi, entre 1957 et 1961, 53 policiers ont été tués et 279 blessés dans des attentats attribués au FLN. Cela montre, en définitive, à quel point le MNA était déjà totalement hors-course, et à vrai dire trop isolé pour ambitionner de conduire ou même de récupérer un événement de cette taille. 

    Il faut aussi analyser les événements du 17 octobre 1961 à la lumière de cette guerre d’influence que se livrait le FLN et le MPNA en terre française, dans un sens où les manifestations décidées et organisées par la Fédération de France du FLN, pour appuyer la cause nationale alors débattus aux Nations Unies, visaient également à s’assurer l’adhésion massive des Algériens établis en France (ils étaient plus de 300 000), face à des rivaux politiques qui se sont montrés aussi machiavéliques que tenace pour s’imposer sur la scène, en dépit de tous les déboires rencontrés depuis le début de cette aventure. Il s’agit clairement d’écraser définitivement le MNA sur son terrain, c’est-à-dire là où ses hommes se croyaient protégés et jouissant du soutien d’une partie des ouvriers algériens qui agissaient plutôt par fidélité à Messali Hadj, le père du nationalisme algérien. La bataille du 17 octobre fut alors l’occasion de s’assurer une nette victoire sur un rival qui menaçait de brouiller le noble combat pour la liberté et le recouvrement de la souveraineté de l’Algérie.  Mais, en même temps, la propagande colonialiste a vite fait d’exploité cet événement tragique pour tenter d’accréditer la thèse selon laquelle les dizaines ou les centaines de cadavres d’Algériens jetés dans la Seine ce jour-là seraient les résultats des « règlements de comptes » entre Algériens. Les promoteurs de cette compagne pernicieuse d’intoxication entendaient bien évidemment disculper la police française des crimes atroce perpétrés contre des manifestants pacifiques.

Adel Fathi   

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