Fédération de France du FLN : Des noms et des lieux

Lorsque Mohamed Boudiaf charge Mourad Tarbouche de structurer le FLN dans l’émigration, il lui suggère d’être offensif et de s’appuyer sur les militants issus de l’OS, qui avaient réussi à se rendre clandestinement en France. Ce groupe investit les milieux ouvriers crée un premier comité chargé de la propagande, des finances et des affaires syndicales, en même temps que des groupes d’action couvrant toute la France, mais aussi la Belgique, la Suisse, l’Italie et l’Espagne.

    Ce groupe se réunit en janvier 1955 à Luxembourg, pour tracer un programme aussi détaillé qu’ambitieux. Ce programme se résume comme suite :

  • Faire connaitre l’autorité du FLN auprès des émigrés algériens ;
  • Déjouer les plans de la police françaises ;
  • Eliminer physique de Messali Hadj et intégrer ses partisans au sein du FLN ;
  • Associer la communauté algérienne dans la lutte pour l’Indépendance ;
  • Préparer des actions armés sur le sol français ;
  • Sensibiliser l’opinion publique françaises sur la question algérienne et la justesse du combat que mène le peuple algérien ;
  • Faire barrage aux hommes de Messali dans la collecte des fonds.

    Il va sans dire que certains points de ce plan d’action ont été recadrés ou tempérés, au moment où la fédération adoptait une nouvelle politique privilégiant l’action politique et la sensibilisation, au détriment de l’action armée et la guerre fratricide.

    Le tout premier noyau qui initia la fédération de France du FLN était composé d’anciens militants du MTLD qui avaient déclaré leur dissidence suite à la crise de 1953-1954. Il s’agit notamment de :

  • Les militants de Sochaux : Mohamed Merrar, Ahmed Doum ;
  • Les militants de Lyon : Noui Aïssa, Mesli, Si Larbi, Mohamed Sahli, Si Mohamed, Si Hamed ;
  • Les militants de Marseille : M’hammed Haddad, Si Arezki (assassinés par les messalistes en 1956) ;
  • Les militants de Lilles : Oudjedi, Djilali Damerdji ;
  • Les militants de Paris : Boumediene Mohand-Akli, Slaimi Saïd et Mourd.

   Ils seront bientôt rejoints par un deuxième groupe composé de : Benmhel, Tayeb Boulehrouf, Boulkroua Moussa, Didouche Mourad, M’hammed Yazid, Benferhat Boussaïd, Belaala Aïssa, Omar Bellouchrani et Amroune Saïd.

   La deuxième rencontre secrète entre Mohamed Boudiaf et Mourad Terbouche en Suisse aboutit à la mise en place d’une instance organique du FLN dans l’émigration. Celle-ci comprenait : Ali Mahsas, Mohamed Zerrouk, Abderrahmane Gherras et Taleb Mehdi, rejoints un peu plus tard par Chawki Mostefaï et l’écrivain Mohamed-Chérif Sahli. Dans le même sillage, des militants exclus du parti lors de la crise dite berbériste de 1949, ont été réhabilités pour être intégré dans les premières cellules de la Fédération de France du FLN. Parmi ses militants, on peut citer : Mohand-Amokrane Khelifati et Rabah Oumoussa.

   Les dirigeants ont conçu un découpage territorial adapté à la conjoncture et au déploiement organique, Selon ce découpage, le territoire français est divisé en quatre wilayas :

  1. Wilaya du Nord ;
  2. Wilaya de Paris, divisée en deux zones :
  1. Paris I : rive gauche de la Seine ;
  2. Paris II : rive droite de la Seine   
  1. Wilaya de l’Est ;
  2. Wilaya du Sud : elle comprend Marseille, Lyon et Bordeaux.

   La première instance ne dura pas longtemps, puisqu’elle fut vite démantelée par les autorités françaises, et ses deux principaux animateurs : Mourad Tarbouche et Ali Mahsas, arrêtés. Une deuxième instance fut créée et dont la direction fut confiée à Fodhil Bensalem. Elle était structurée comme suit :

  • Mohamed Mechati, responsable de la région Est de la France, chargé de l’information, de l’édition et de la distribution ;
  • Fodhil Bensalem, responsable de la région Nord, chargé de l’impression ;
  • Ahmed Gherras, responsable des régions Centre et Sud (Lyon, Marseille), chargé de l’information et de la distribution ;
  • Ahmed Doum, responsable de la région de Paris, chargé des finances.

   Cette structure a, toutefois, connu des débuts difficiles, à cause d’une rupture de communication subite avec les frères en Algérie, mais Ahmed Doum a réussi, grâce à son dynamisme, à trouver des solutions et à renouer le contact avec Alger en s’y rendant en novembre 1955. Il a ainsi réussi à acheminer à Paris Mohamed-Salah Louanchi, fraichement nommé à la tête de la Fédération de France du FLN par Abane Ramdane. Ce dernier était en rivalité avec Mohamed Boudiaf pour chapeauter la représentation du FLN dans l’émigration. Louanchi arrive ainsi en France avec une nouvelle équipe composée de : Mohamed-Chérif Sahli, Chawki Mostefaï, Franz Fanon, Tayeb Boulehrouf, Zine El-Abidine Moundji, Hadj Chechali, Abderrazak Chentouf et Mostefa Lacheraf.

    Ainsi, selon la nouvelle structuration, Salah Louanchi préside le nouveau comité de direction de la fédération, aidé de quatre membres : Mohamed Mechati, Fodhil Bensalem, Ahmed Gherras et Ahmed Doum. Deux nouveaux membres font leur entrée au comité : Ahmed-Taleb Ibrahimi, chargé des relations avec l’extérieur, et Tayeb Boulehrouf, chargé de l’information, assisté par Mohammed Harbi, Moussa Boulkroua, Abdelmalek Benhabyles et Hocine Moundji.

Adel Fathi

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